Écrit par Johnny Walter - Mardi 1 juin 2021
Souvent, avant de réaliser un bijou ou une pièce de joaillerie, les prémices des volumes sont d’abord représentées sur du papier pour être ensuite extrapolées par le bijoutier qui leur donnera forme et vie.
Le rôle du dessinateur est essentiel : en utilisant différentes techniques, il donne une incarnation au bijou. Par les couleurs qu’il utilise via toute la palette des gemmes, avec les matériaux choisis (or jaune, or gris, laiton, argent, cuir, textile, etc.) et grâce aux formes et aux textures (brillant, mat, brossé, etc.) le bijou naît sous son pinceau.
Il est apte à traduire techniquement les mots des « créatifs », il est le trait d’union entre le concept et sa déclinaison sous forme de bijou. D »ailleurs, souvent le créatif est un excellent dessinateur comme Frédéric Mané* qui exerce notamment ses talents pour la maison
La méthode la plus classique consiste à remplir un dessin « crayonné » de couleurs (un croquis) représentant les matériaux qui seront utilisés, plus tard, au moment de la fabrication.
La lumière joue un rôle fondamental dans la création d’un dessin ou d’un gouaché. Sa présence ou son absence sont ici des éléments essentiels. Le dessinateur projette la lumière d’en haut à gauche en direction du bas à droite. Les matériaux représentés deviennent ainsi des volumes et réfléchissent la lumière. Pour vous faire une idée plus précise, regardez la réflexion de la lumière sur les barres du métro et ses reflets. L’éclairage est le même que sur les dessins joailliers. Ici, un gouaché de Christophe Lainé* que nous remercions d’avoir partagé ses dessins.
Ainsi, le dessinateur, à l’aide de sa peinture, va représenter les reflets et les effets de transparence. L’or pourra être bombé ou torsadé et les pierres à peine esquissées d’un léger trait de pinceau. L’effet est étonnant : les dessins les plus réussis donnent l’illusion de la réalité et confondent parfois le spectateur.
Le dessinateur a recours, de manière traditionnelle, à la gouache, qu’il applique avec beaucoup de minutie sur un papier épais gris, noir ou blanc. Cette peinture est aujourd’hui encore, la plus adaptée à la restitution des métaux et des pierres. Pour s’en convaincre, il suffit de se plonger avec avidité dans les archives des maisons Chaumet, Mellerio ou Mathon Paris : si les modes sont passées, les dessins frappent par leur maitrise et leur beauté.
D’autres créateurs ont embrassé les méthodes modernes : ici, on utilisera du feutre ou de l’aquarelle, là une huile spécifique… Mais, la vraie révolution, est venue d’un univers éloigné : l’industrie. En effet, voilà une dizaine d’année que la conception assistée par ordinateur a pris ses marques au sein des départements création de nos maisons favorites, apportant son lot d’innovations.
Attention, la méthode traditionnelle n’a pas perdue du terrain, au contraire, elle a trouvé un nouveau champ d’application dans la CAO.
Aujourd’hui, il est possible d’admirer très facilement un modèle en 3 dimensions, déjà construit et paré de ses plus beaux atours. La retouche est plus facile et les modifications, souvent apportées par le bijoutier, peuvent être faite en temps réel. C’est autant d’écueils évités au moment de la fabrication ! Il devient, dès lors, très facile de fournir aux personnes œuvrant à l’atelier, un dessin côté qui proposera plusieurs vues et qui ressemblera au bijou fini.
Les profils de ces dessinateurs sont particuliers : on attend d’eux qu’ils soient des artistes et qu’ils connaissent les ficelles de la fabrication. Ce dernier aspect est primordial : les meilleures collaborations entre dessinateurs et joailliers sont avant tout des réussites de communication !
Pour preuve ce très joli et instructif film de la maison
Écrit par Johnny Walter –
* professeurs à