Écrit par Paula Grineri - Jeudi 12 octobre 2017
L’édition de la Biennale des Antiquaires 2017 a accueilli pour la première fois la créatrice chinoise de haute joaillerie
En effet, après avoir embrassé une carrière de musicienne, elle rejoint la création joaillière pour notre plus grand plaisir. Inspirée également par son nom qui veut dire papillon en chinois elle nous ravit de ses pièces uniques parées de sublimes gemmes.
Nous l’avons rencontré à Paris pendant la Biennale des Antiquaires, femme forte et haute en couleurs, elle a avant tout, la musique dans le sang.
J’ai l’intime conviction que c’est le destin ! Je suis issue de la seconde génération d’une famille de gemmologues. Mon père était passionné par les diamants, rubis et saphirs et ma mère par les perles. J’ai l’habitude de dire que je jouais avec les pierres précieuses plus qu’avec les oursons en peluches lorsque j’étais enfant !
Malgré cet environnement familial merveilleux, j’ai choisi d’étudier la musique classique dès mon plus jeune âge pour devenir violoncelliste professionnelle. Je suis alors allée aux Etats-Unis dans l’un des meilleurs établissements secondaires d’art appliqué, la Walnut Hill School à Boston. J’ai eu la chance d’être immergée dans un campus tourné exclusivement vers l’art. A cette époque, j’étais concentrée sur mon objectif de devenir une des meilleures violoncellistes et je m’exerçais quotidiennement de l’âge de 5 à 20 ans. Malheureusement, j’ai dû mettre fin à ma carrière suite à une blessure.
Encouragée par mon père qui rêvait de me voir reprendre l’entreprise familiale, j’ai repris des études de gemmologie et de design et obtenu ainsi 5 diplômes en 7 ans. Je trouvais cela tellement facile et évident ! J’avais la possibilité de poursuivre ma quête de la perfection par la création de bijoux ! Et voilà comment a commencé ma seconde vie…
Ces expériences font partie de mes fondations et de mon voyage initiatique en joaillerie. J’ai longtemps considéré Maurice Galli (Harry Winston) ou Dominique Rivière comme des mentors. Maurice Galli m’a appris comment penser en français ! Ces collaborations influencent mon travail qui est devenu la synergie entre les cultures française et chinoise. Je mélange et associe 5000 ans de l’histoire chinoise extrêmement riche avec tout le savoir-faire incroyable de l’artisanat français pour en faire des créations totalement originales et uniques.
Je ne crois pas que la musique m’aide à créer mais il est vrai qu’elle est en moi constamment. La musique coule dans mes veines. Je me sens détendue et libre lorsque j’écoute de la musique.
J’écoute tous les compositeurs de musique classique de Bach à Stravinsky avec une petite exception pour le tango de Piazolla que je trouve très inspirant et énergisant. La musique est si profondément ancrée dans mon cœur que je ne pourrais vivre sans ! Je n’ai pas besoin d’autre stimulant! Avez-vous déjà vu un compositeur de musique classique drogué ? La richesse et la sophistication de la musique classique sont amplement suffisant…
Je crois que tout artiste contemporain devrait avoir sa propre vision. Lorsque je crée un bijou, je ferme les yeux et j’écoute mon cœur. Je ne le fais pas en ayant une référence ou un désir particulier. Cela dit, mon éducation, ma culture, mes expériences sont autant de ressources absorbées qui font désormais partie de mes éléments créatifs.
Je suis comme un diamant aux multiples facettes et chacune de mes créations est unique. Mais tout le monde adore la collection Monet. J’ai créé cette pièce juste après avoir quitté Harry Winston avec un désir très fort de liberté. Je me suis sentie illuminée par le romantisme de Monet qui transparait dans cette collection originale. Je me souviens de chaque pierre alors que j’étais en train de créer la première pièce en écoutant Debussy. J’ai dessiné les courbes du collier en référence à la rivière du jardin de Monet.
Nous avons décidé de publier une série de 10 livres à raison d’un opus tous les cinq ans en référence à Beethoven.
Il souffrait terriblement à tel point qu’il n’a pas pu terminer sa 10ème symphonie. Alors qu’il était au plus mal, il a composé l’une des plus belles musiques que ce monde ait connues et cela me touche au plus profond de mon cœur. Pour moi c’est vraiment le but de la vie. C’est peut-être idéaliste mais j’aimerais que mon voyage artistique puisse durer 50 ans.
J’ai d’autres passions : j’adore cuisiner et si j’avais plus de temps libre, j’aimerais devenir un grand Chef. Je mélangerais les cuisines française, italienne et espagnole. Ce qui est formidable avec la cuisine c’est que vous voyez le résultat de votre travail dans la journée, le rapport au temps est beaucoup plus long en joaillerie.
Et bien, inspirée par ma fille, j’ai défini un merveilleux concept. Je souhaite créer une large variété de bijoux pour chaque âge mais uniquement pour les femmes. En effet, excepté pour Moussaeif, il y a très peu de femme à la tête des entreprises de haute joaillerie, secteur dominé par les hommes occidentaux. J’ai le sentiment que je dois faire quelque chose à mon niveau pour les femmes. Le monde a besoin de nous !
Merci Anna Hu pour ce moment si précieux en votre compagnie, nous étions plus fortes et fières de compter parmi les créatrices de haute joaillerie, une nouvelle fois, une femme forte et déterminée, inspirée et inspirante, créative et charismatique mais aussi amoureuse de la culture française.
N’hésitez pas à suivre son travail sur sa page Facebook