Rencontre avec Chaumet

Rencontre avec...

Écrit par Bérengère Treussard - Lundi 30 mars 2015

J’aurais aimé pouvoir sortir cette photo plus tôt mais la nature n’en décide pas toujours ainsi. Et, c’est bien sur la nature et les éléments que cette photo repose : le creux de l’hiver, la douceur de la neige et un sublime collier de haute joaillerie signé de la maison Chaumet tout en diamant de la nouvelle collection Hortensia.

Collier Hortensia en platine serti de d’un diamant taille coussin (8.38 cts), de diamants taille brillant (29.74 cts) et de diamants taille princesse.

La collection de haute joaillerie se compose de 24 pièces assemblées avec talent par les artisans de la maison.

Planter l’hortensia comme fleur officielle, symbole fort de la Maison Chaumet, est le pari réussi de la directrice artistique de Chaumet, Claire Devé-Rakoff, avec la complicité de Béatrice de Plinval, directrice du patrimoine. En cherchant son inspiration au pays du soleil levant, berceau originaire de cette fleur « Hajisai », et source d’inspiration botanique inépuisable, la maison Chaumet a certainement voulu rendre hommage à l’une de ses plus célèbres clientes, Hortense de Beauharnais, ou encore, faire un clin d’œil aux références à l’art japonais développé par Joseph Chaumet en joaillerie…

En effet, l’histoire de cette illustre Maison commence en 1780, lorsque le joaillier parisien, Marie-Etienne Nitot, ancien collaborateur d’Aubert (joaillier de la Reine Marie-Antoinette) retient la bride du cheval emballé de Napoléon, futur empereur, qui le choisit alors comme joaillier attitré en 1802.

Napoléon Ier a alors de grandes ambitions pour la France qu’il veut ériger comme centre de la création, du luxe et de la mode en Europe – ce qui est d’ailleurs toujours le cas, sans vouloir faire de chauvinisme… Il impose alors de paraître avec éclat lors des cérémonies officielles et demande au joaillier Nitot de lui réaliser une épée consulaire sur lequel il pourra sertir le fameux diamant de 140 carats dit « Le Régent », aujourd’hui exposé au Louvre. Nitot va également réaliser de somptueuses parures, bijoux de mariage et diadèmes pour l’impératrice Joséphine de Beauharnais puis l’impératrice Marie-Louise de Hasbourg-Lorraine. Le joaillier réalisera la couronne du sacre de Napoléon mais également des bijoux sentimentaux. Il imaginera également des bracelets acrostiches composés de pierres de couleurs dont les initiales forment un message. Ainsi, l’impératrice Joséphine recevra une paire de ces bracelets aux noms de ses enfants, Eugène et Hortense.

L’abeille qui orne la cape de Napoléon Ier deviendra ensuite le symbole fort de la maison. Ce thème a d’ailleurs été revisité très joliment dans la collection « Attrape-moi si tu m’aimes » avec la Lovely Bee qui reste sur ma top 5 list et dont j’avais parlé dans mon article « What’s new with Chaumet »je suis dingue de cette bague !

Le fils de Nitot, François Regnault, reprend la suite de son père en 1809 puis, à la chute de l’empire, en 1815, cédera la maison à son chef d’atelier. Tout à la fois joaillier,artiste et poète, Jean-Baptiste Fossin, incarnera parfaitement la tendance romantique du moment.

La Maison attire ainsi l’élite composée aussi bien de têtes couronnées comme la Duchesse de Berry ou le Prince Russe Anatole Demidoff, que d’artistes, peintres, sculpteurs et écrivains comme Honoré de Balzac.

Après la révolution française de 1848, l’activité est ralentie et le joaillier décide d’implanter une boutique à Londres avec pour chef d’atelier, Jean-Valentin Morel. Ce dernier séduira l’Angleterre et deviendra même le fournisseur officiel de la Reine Victoria d’Angleterre.

La Maison doit son nom actuel à une histoire d’amour entre Joseph Chaumet et Marie Morel, la petite-fille de Jean-Valentin. En épousant Marie en 1885, Joseph Chaumet prendra également le contrôle de la maison et s’imposera en maître de la Belle époque et du naturalisme. Il réalisera de merveilleux bijoux de tête et attirera une clientèle aussi bien aristocratique que fortunée comme la famille Rothschild.

Diadème en platine ajouré, par Joseph Chaumet, vers 1908. Photo Beaussant Lefèvre

En 1907, les ateliers et la boutique s’installent dans l’hôtel particulier du 12 Place Vendôme pour ne plus le quitter. Classé Monument historique en 1927, le grand salon du premier étage, dessiné par l’architecte Bélanger en 1777, a notamment vu Chopin composer et jouer sa dernière Mazurka Opus 68 n°4 et abrite aujourd’hui un patrimoine important de la maison qui constitue un fonds pour l’histoire du bijou.

Marcel Chaumet reprend les reines de la Maison en 1928, en pleine période « Art Deco » dont il deviendra un des acteurs incontournable notamment avec sa participation à l’exposition des Arts Décoratifs de 1925 à Paris. Il puisera son inspiration dans la peinture cubiste, les motifs de l’Egypte antique ou l’exotisme de l’Orient qui influencent alors la mode de cette époque. Le joaillier est convaincu des vertus de la publicité et inventera une nouvelle joaillerie créative, des « bijoux de mode et de sentiments » avec la révolution du « prêt à porter » qui verra naître des collections tout en perpétuant son savoir faire exclusif de « Haute Joaillerie ».

En 1934, la Maison ferme pour ne rouvrir qu’après la seconde guerre mondiale. Il restera alors, en précurseur, dans la lignée des grands couturiers du moment comme Yves Saint Laurent ou Christian Dior.

De 1958 à 1987, les fils de Marcel Chaumet, Jacques et Pierre Chaumet reprennent la direction de la Maison qui sera rachetée en 1987 par un fonds d’investissement de Bahreïn, Investcorp, puis, en 1999, par LVMH.

La Maison est certifiée RJC (Responsible Jewellery Council) depuis le 9 juin 2011. Cette distinction atteste de pratiques éthiques, sociales et environnementales responsables, ainsi que du respect des droits de l’homme.

La dernière collection de haute joaillerie, collection Lumières d’eau présentée à la Biennale des Antiquaires était de toute beauté et je vous invite à en découvrir sa part de mystère…

Après des collections iconiques comme l’abeille Bee (like me ;)), l’araignée, le joli diadème de la collection Joséphine ou encore la bague liens haute joaillerie…

Collection bague liens Chaumet Collection attrape moi Chaumet Bague Josephine émeraude Chaumet Bague Bee my Love Chaumet en turmaline paraiba

Il manquait à la Maison Chaumet un symbole de fleur forte qui puisse la caractériser tout comme le camélia de Chanel ou encore la rose pour Piaget pour les plus connues.

La déclinaison de l’hortensia revient sur toute la nouvelle collection :

Collier et bague Hortensia Chaumet – Photo ©BérengèreTreussard Bagues Hortensia Chaumet – Photo ©BérengèreTreussard Pendentif Hortensia Chaumet – Photo ©BérengèreTreussard

Dénommée « rose du japon » par le naturaliste et médecin Philibert Commerson qui l’a ramena d’un séjour au japon, il fini par l’appeler « Hortensia » qui veut dire jardin en latin.

Un grand merci à la Maison Chaumet pour sa confiance ainsi qu’au photographe Nicolas Mingalon pour la réalisation de cette magnifique photo enneigée.

Pour toute demande de renseignements, veuillez contacter la Boutique :

12 place Vendôme, 75001 Paris