Écrit par Bérengère Treussard - Vendredi 11 décembre 2015
Ma huitième rencontre est une rencontre un peu spéciale et unique avec une Maison de haute joaillerie qui me fascine surtout par l’histoire de son fondateur,
La Maison
Le pays des merveilles d’Harry Winston est bel et bien un rêve car cette maison prestigieuse inspire luxe absolu et réussite à l’américaine. Une maison dont les pierres et les diamants tant par leur taille que par leur beauté sont parmi les plus beaux et les plus célèbres : Jonker, Cullinan, Hope, Lesotho, American Bicentennial…
L’histoire de ce fils d’immigré né à New York en 1896 est fabuleuse et captivante. Il perd sa maman à 7 ans et déménage alors à Los Angeles où son père s’installe en tant que bijoutier dans le centre-ville. Son don pour identifier les pierres se révèle à 12 ans. Alors qu’il passe devant la vitrine d’un prêteur sur gage, il repère ce qui était alors vendu pour un simple bout de verre à 25 cents mais qui se révélera être une émeraude de 2 carats. Il l’achète et la revend 800$, son talent est là et il va l’exploiter. Il quitte l’école à 15 ans et apprend les rudiments des pierres et du diamant auprès de son père. L’élève dépasse le maître et son père n’achète plus une pierre sans l’œil de l’expert qu’il est devenu.
A 18 ans, il revient seul à New York et commence à travailler pour la bourse aux diamants de New York. Il s’avère être, grâce à son œil, un excellent trader. Il met rapidement de l’argent de côté et fonde sa maison en 1920 « Premier Diamond Company ». Afin de se constituer un stock de pierres à bas prix, il entreprend d’acheter des bijoux provenant de successions ou de ventes aux enchères. Il dessertira les bijoux et retaillera pierres et diamants pour retrouver brillance et remonter les bijoux dans un style plus contemporain.
Même s’il est passionné par les diamants il s’attaque désormais aux très grosses successions et acquiert de magnifiques pierres précieuses (rubis, saphirs et émeraudes) ce qui lui permet de se faire un nom et d’être reconnu. Il ferme Premier Diamond Company et ouvre Harry Winston, Inc. en 1932. Peu de temps après, il rencontre sa future épouse, Edna Fleishman et leur destin sera à jamais lié aux diamants et à leur quête perpétuelle.
Harry Winston chasse désormais le diamant brut et le gros diamant. C’est d’ailleurs lui qui les rendra célèbres en les exposant aux yeux du public dès leur arrivée sur le sol américain. Il exhibe la rareté et la rend accessible. Par exemple, le diamant Jonker fut exposé quelques jours après son arrivée en 1935 au Musée d’histoire naturelle à New york et, ensuite, il lui organisa une tournée américaine dans des musées locaux.
Plus tard, en 1949, il organisera la tournée de sa propre collection qu’il intitulera « The Court of Jewels » qui traversera les Etats-Unis jusqu’en 1953. Soucieux de pouvoir offrir au public toujours plus de beauté, il donnera en 1958 le fameux diamant bleu « Hope » à «
Précurseur dans l’art du marketing, animé par une véritable volonté de faire découvrir la beauté des pierres précieuses au grand public, il sera également innovant en devenant le joaillier des stars et, en les parant de ses créations aussi bien sur le tapis rouge que sur grand écran. La première fois c’est Ingrid Bergman dans le film « Notorious » qui porta ce magnifique collier cascade en diamants.
Au fur et à mesure de ses acquisitions, sa notoriété grandit et, sa compagnie d’assurance lui demande de ne plus exposer son visage, de sorte qu’il existe très peu de clichés publics de Monsieur Harry Winston. A partir de 1955, il se déploie en Europe avec un bureau à Genève puis en 1957 un bureau à Paris.
Il a voyagé à travers le monde pour les plus beaux diamants mais il a aussi révolutionné le bijou moderne et choisi de mettre en avant la pierre plutôt que le métal. C’est la pierre qui dicte le bijou et non l’inverse. Pour ce faire, il a engagé des talents artistiques peu conventionnels qui ont su apporter une approche contemporaine au bijou et à la création et ainsi soutenir sa vision d’un bijou plus proche de la nature et du monde qui nous entoure.
Nevdon Koumrouyan et
Le cluster est sa grande signature : regrouper des pierres de taille poire ou marquise ensemble de façon à donner la sensation qu’elles sont juste posées et que rien ne les relient si ce n’est la beauté. Un bijou en trois dimensions qui scintille de toutes parts.
Toute dernière collection, la Lotus Cluster qui avec son motif en étoile donne envie de la porter pour Noël et pour faire la belle dans les stations de ski cet hiver :
Pour ma part, je suis tombée amoureuse de ces boucles d’oreilles de la collection
Les iconiques
Monsieur Harry Winston décèdera en 1978 à l’âge de 82 ans en ayant construit une grande et belle Maison et en étant la preuve vivante que la passion et l’instinct mènent à la réussite. J’adore d’ailleurs une de ses citations que je garde souvent à l’esprit car elle m’a marquée mais elle guide aussi mon travail :
« If a man thinks big, he will be big – in thinking small, he settles for mediocrity » – Harry Winston (Si un homme pense grand, il sera grand – en pensant petit, il s’installe dans la médiocrité)
Passion pour le diamant, joyau de la nature. Il créera une usine de taille et une école du diamant pour former les générations suivantes à une telle beauté.
Le rachat par Swatch Group de Harry Winston début 2013 a permis à la maison de développer des montres de très haute joaillerie de toute beauté mais on peut se demander si l’âme de Monsieur Harry Winston ne s’est pas un peu éteinte…
En effet, j’avoue que la collection Water de la Biennale des Antiquaires de 2013 et ce film ont été un gros coup de coeur de ces dernières années. Je vous laisse admirer cette beauté en mouvement inspirée et inspirante…
Un grand merci à la Maison Harry Winston pour sa confiance ainsi qu’au photographe
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