Écrit par Bérengère Treussard - Dimanche 11 décembre 2016
Dans le cadre de la Paris Precious Week, la maison de vente aux enchères
L’histoire de la maison Pery commence en 1875 lorsque Lucien Pery alors gantier, décide de se diversifier en fabricant des bijoux. Il commence par la réalisation de chaînes en or qu’il vend à toute la Place Vendôme. Ainsi Chaumet, Mauboussin, Boucheron et Van Cleef & Arpels se fournissent auprès de l’atelier.
Quatre générations se succèdent à la direction de la maison. Après Lucien, son fils Albert puis son petit Fils Bernard, le père de Brigitte Pery, perpétueront les traditions d’excellence qui ont fait la renommée de la maison.
Au début des années 1900, Albert Pery fait la rencontre de Monsieur Salière alors vendeur de costumes dans un grand magasin, La Belle Jardinière (ancienne Samaritaine), qui comptait parmi ses clients, les frères Arpels. Ces derniers, convaincus des talents du jeune homme, lui proposent de venir vendre des bijoux pour leur compte, Place Vendôme. C’est tout naturellement que Monsieur Salière introduit quelques années plus tard, Albert Pery auprès des Frères Arpels.
D’après les archives de la maison, la collaboration avec VCA démarre en 1925 avec un bracelet en maille plate. Albert Pery, qui a côtoyé les figures féminines incontournables de l’époque comme Jeanne Toussaint ou Suzanne Belperron, travaille alors en collaboration avec Renée Puissant, fille des fondateurs Alfred Van Cleef et Esther Arpels.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, Albert Pery ayant été fait prisonnier, l’atelier restera fermé pendant 6 ans. Son épouse Sidonie décide alors de cacher le stock d’or de la maison Pery et de leurs clients sous le pommier dans le jardin de la propriété familiale en région parisienne, le temps du conflit. Les frères Arpels, touchés par ce geste, décident de donner la priorité à leur partenariat avec l’atelier depuis ce jour.
Entre Renée Puissant et Albert Pery, la collaboration se renforce. Madame Puissant allant jusqu’à surnommer Albert Pery « petit fleuriste ». En effet, à l’époque, il livrait toutes les semaines des bijoux que l’on appelait des « passe-partout ». Il s’agissait de pièces uniques qui se portaient de multiples façons en toute occasion (263 pièces furent fabriquées par les ateliers Pery). Au début des années 2000, la maison VCA fait un clin d’œil à ces « passe-partout » avec sa collection Hawaii.
Dans la première moitié du XXème siècle, la création faisait partie intégrante des prestations réalisées par les maîtres joailliers. Ainsi, les ateliers Pery ont conçu et fabriqué de nombreuses pièces devenues des « best-seller » comme les rubans bombés avec un emmaillement très souple, les « couscous passementerie », les parures Domino, sorte de bracelet rigide parsemé de petites pierres et bien sûr le bracelet Ludo, pièce iconique pour VCA.
L’atelier a réalisé des pièces de haute joaillerie mais aussi des commandes exceptionnelles pour la Maharani de Baroda (Sita Devi) ou l’épée de l’académicien du Maréchal Juin en 1953 et plus tard en 1991, l’épée de Pierre Cardin.
L’atelier Pery a beaucoup travaillé également pour les collections Couture de VCA notamment avec la réalisation de chaînes cordes, pompons, en copiant des techniques de tissage comme le jersey jusqu’à la fameuse fermeture à glissière devenue un best-seller iconique de la maison.
La Duchesse de Windsor avait vu une robe portée par Madame Schiaparelli, ornée d’une fermeture à glissière en trompe l’œil. Elle s’est adressée aux frères Arpels pour avoir une fermeture en or. Tout naturellement, ce dernier s’est tourné vers l’atelier Pery pour la confection de ce système. A l’époque, l’atelier était fermé pendant la guerre et a mis plusieurs années avant de le livrer en 1951. Pour les 100 ans de la maison dans les années 1990, la maison VCA décide de relancer cette collection qui connaît depuis un succès ininterrompu.
L’histoire de l’atelier Pery est étroitement liée à celle de VCA et chaque génération a contribué à renforcer les liens entre les deux maisons. La collaboration avec Pierre Arpels, attaché aux petites pièces, a permis à l’atelier Pery de rentrer dans l’ère de la fabrication en série. Souhaitant ouvrir le monde de la joaillerie au grand public avec des pièces accessibles, Pierre Arpels est à l’origine de la première boutique ouverte en 1954. Très exigeant, son désir d’excellence dans la création et la fabrication est un gage du succès de la maison VCA et a contribué largement à la bonne réputation de l’atelier Pery.
Claude Arpels perpétue les engagements des fondateurs vis-à-vis de l’atelier Pery et quelques années plus tard, Brigitte Pery deviendra même la confidente de Jacques Arpels …
Bernard Pery, troisième dirigeant de la maison, comprend les risques d’être mono client et entame des collaborations avec d’autres maisons, d’abord avec Paolo Bulgari pendant une vingtaine d’années puis Boucheron, Mauboussin, Templier et Tiffany. Sa fille, Brigitte Pery poursuivra cette stratégie pour assurer le développement de l’entreprise familiale en nouant des collaborations avec Graff, Dior, Fabergé, ou encore Mikimoto.
Créateur, fabricant et chef produit, le métier de joaillier est très riche mais ce n’est pas toujours simple selon Brigitte Pery de diriger une entreprise familiale : il faut gérer l’aspect affectif en plus de répondre aux contraintes économiques. Femme de parole et femme de tête, Brigitte Pery reconnaît avoir été très exigeante et se décrit elle-même comme une « diva ». C’est en agissant en tant que Chef d’orchestre qu’elle a réussi à traverser les crises et faire prospérer l’affaire familiale.
En 2008, profitant d’un dispositif d’aide publique, Brigitte Pery décide d’engager toute ses équipes dans un grand programme de formation afin de favoriser la polyvalence et moderniser les techniques de production en introduisant la CAO dans le processus de conception.
A l’écoute des clients, Brigitte Pery réalise la nécessité, face à la concurrence internationale, de faire monter en gamme les réalisations de la maison vers la haute joaillerie et de faire reconnaître le savoir-faire de l’entreprise. C’est ainsi que 100 ans après sa fondation, la maison Pery est reconnue Entreprise du Patrimoine Vivant par l’État français.
En 2011, lorsque Brigitte Pery décide qu’il est temps de vendre la maison familiale, elle présente tout naturellement son projet à son client historique, en la personne de Stanislas de Quercize, actuellement Président France du groupe Richemont qui reprendra les ateliers Pery en 2012.
Aujourd’hui vous pouvez retrouver celle que Nicolas Bos, Président de VCA a baptisé la « Légendaire Madame Pery » à l’