Vente de bijoux TAJAN : entretien avec l’Expert !

Expertise Ventes aux enchères

Écrit par Bérengère Treussard - Vendredi 2 décembre 2016

La vente aux enchères de bijoux et de montres de la Maison TAJAN aura lieu les 13 et 14 décembre prochains à l’espace Tajan à Paris.

Événement marquant de cette fin d’année, la maison de ventes aux enchères TAJAN lance la Paris Precious Week à partir du 8 décembre 2016 avec une série d’évènements qui seront clos par une vente aux enchères de prestige consacrée aux bijoux et aux montres qui se déroulera sur 3 vacations après plusieurs jours d’exposition.

Pour en savoir plus sur cette vente, j’ai rencontré l’Expert de la maison, Monsieur Jean-Norbert Salit dans les salons feutrés du premier étage du 37 rue des Mathurins à Paris.

Jean Norbert Salit, vous êtes l’expert du département joaillerie pour Tajan, une grande maison de vente aux enchères française, comment êtes-vous devenu expert ?

Je savais depuis tout jeune que je voulais travailler dans l’Art ! A 18 ans, j’ai commencé à flâner à l’Hôtel des Ventes de Drouot et à 23 ans j’ai obtenu mon Diplôme d’Aptitudes aux Fonctions de Commissaire Priseur. Ma vie est faite de rencontres. J’ai eu la grande chance de croiser sur ma route Françoise Cailles, grande spécialiste de René Boivin et experte avec laquelle j’ai été associé jusqu’en 2000.

J’ai ensuite rejoint la maison Pierre Bergé. En 2012, avec une grande élégance, Françoise Cailles est venue me proposer de travailler avec elle chez Tajan. Elle souhaitait alors passer le flambeau et j’ai été assez fou pour accepter ! Françoise Cailles a quitté la maison assez récemment et je crois que nous avons gardé un grand respect mutuel qui explique probablement qu’il n’est pas rare de continuer à nous associer.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre métier ?

Mon rôle est d’identifier la matière, les pierres et le bijou. De donner une « identité d’époque » au bijou. Souvent dans un premier temps avec la loupe grâce aux poinçons et à mes connaissances en gemmologie. Savoir dater un bijou c’est très important pour bien l’évaluer : un bijou peut-être de style Art Déco mais d’époque contemporaine et son prix ne sera alors pas du tout le même.

Finalement l’expert est un peu comme un arbitre, c’est un antiquaire de bijou, il donne une évaluation mais le vrai prix se fait dans la salle par la loi du marché de l’offre et de la demande ainsi que par la qualité des personnes présentes.

Lors d’une expertise, les gens ont beaucoup d’attente mais c’est un métier dans lequel il faut toujours savoir rester humble.

Le métier d’expert se fait de manière indépendante, individuelle, dans la solitude de l’expert face à la matière. Nous avons parfois des doutes lors d’une estimation mais nous ne laissons rien au hasard. Nous cherchons, nous échangeons et souvent nous faisons expertiser les pierres dans des laboratoires reconnus afin de nous faire confirmer la pierre et ses caractéristiques. Le prix peut changer aussi à ce moment là même si l’oeil est déjà exercé !

Mon métier consiste également à voyager pour aller à la rencontre des collectionneurs. L’avantage de faire partie d’une équipe organisée est de pouvoir consacrer du temps pour aller au-devant des grands acheteurs. Certains sont prêts à se battre pour acquérir des pièces d’exception !

Les ventes de bijoux ont-elles lieu toute l’année ?

Comme dans la plupart des maisons de ventes aux enchères, il y a quatre ventes de bijoux par an dont deux plus importantes en juin et décembre qui attirent marchands et collectionneurs du monde entier.

Collier draperie diadème1890 décor de muguet Lot 178 ©BérengèreTreussard2016

Quelles sont les marques et époques le plus souvent présentées ?

Nous adorons la « période noble » du bijou, la période Art Déco qui s’arrête au début des années 30 pour les puristes. Période faste pour le bijou moderne avec des maîtres tels que Fouquet, Lalique, Suzanne Belperron, René Boivin et Raymond Templier.

Période créative et faste pour les grandes maisons qui ont pu asseoir et faire rayonner internationalement le savoir-faire de la joaillerie et de la haute-joaillerie française. Période joyeuse et festive pendant laquelle on pouvait porter un bijou sans peur. A Paris, la fête battait son plein et il était de bon ton de ne pas se parer deux fois du même bijoux.

Le bijou contemporain est également très intéressant. Le bijou des années 40 à 70 revient très à la mode et certains collectionneurs parcourent le monde à la recherche de pièces rares.

Rare bague Tulipe Cartier – Dinh Van années 60 lapis-lazuli – Lot 48 ©BérengèreTreussard2016

Dans quelques semaines se tiendra la « Paris Precious week », pouvez-vous nous présenter ce concept ?

La Paris Precious Week est un concept créé sous l’impulsion de la Maison Tajan pour mettre en avant un évènement important comme les ventes de prestige et notamment celles de bijoux et montres. Comme la Paris Fashion Week, il était important de mettre en avant l’Art et surtout celui du Précieux. Autour de cet évènement il est proposé une conférence, la présentation de bijoux et de montres pendant plusieurs jours à l’espace Tajan et la possibilité de faire expertiser gratuitement ses bijoux le dimanche 11 décembre par un expert de la maison. Pour nous suivre sur les réseaux sociaux #ParisPreciousWeek.

Quel sera le sujet abordé lors de la conférence du 8 décembre 2016 ?

Cette année nous mettons à l’honneur l’Atelier Pery et ses 138 ans d’histoire depuis sa fondation en 1875 jusqu’au rachat en 2012 par Van Cleef and Arpels. La conférence sera animée par la joaillière parisienne Brigitte Pery qui a dirigé l’atelier pendant près de 40 ans et qui, à cette occasion, nous fera part de ses expériences partagées dans le cadre de sa collaboration avec les grandes Maisons de la Place Vendôme.

Brigitte Pery qui a tout de la parisienne élégante et chic, est aussi une maîtresse femme qui a su diriger son atelier pendant toutes ces années. Elle raconte ce que l’on ne montre jamais : un atelier parisien fournisseur et partenaire de grands joailliers avec des anecdotes autour des moules, des instruments, des maquettes, des dessins et un savoir-faire unique.

Je suis très admiratif des femmes qui exercent les métiers de la joaillerie. On ne les a pas laissées s’exprimer à tort alors qu’elles ont marqué leur époque par leur audace et leur créativité comme Jeanne Toussaint, Directrice chez Cartier dans les années 1930, Jeanne Boivin, Suzanne Belperron, Renée Rachel Puissant, Directrice Artistique de VCA, Elsa SchiaparelliBrigitte Pery s’inscrit dans cette veine des femmes qui ont marqué l’histoire de la joaillerie. Alors qu’elle hérite d’une maison fondée par son arrière-grand-père à une époque où le « Pery & Filles » était pourtant inconcevable, elle n’a eu cesse de perpétuer le savoir faire de ce grand atelier Pery & Fils !

La conférence a lieu le jeudi 8 décembre à 19h, sur réservation uniquement et promet d’être un moment assez unique (réservation : +33 1 53 30 30 24 ou garcia-j@tajan.com – places limitées).

Quelles sont les pièces majeures qui seront présentées lors de la vente des 13 et 14 décembre 2016 ?

Il y a bien évidemment cette importante broche aussi rare qu’exceptionnelle par sa taille toute en saphirs jaunes et bleu ciel de la maison Van Cleef and Arpels inspirée de la fameuse broche Hawaï unique commandée par la Duchesse de Windsor en 1938 et dotée du système ingénieux du passe-partout qui permet également de porter le bijou en collier ou en bracelet sur une chaîne en or.

Deux pierres assez exceptionnelles :

• Un rubis birman non chauffé monté sur une bague de 1910 de 5,50 cts environ avec certificat du laboratoire SSEF évalué entre 50 000 euros et 80 000 euros ( Lot 180)

• Un saphir ceylan non chauffé monté sur une bague chevalière bombée pavée de diamants de 10,71 cts avec un certificat du laboratoire LFG (lot 418)

Bague saphir origine ceylan non chauffé de 10,71 cts – Lot 418 ©BérengèreTreussard2016

Deux boîtes à beauté et à cigares de la maison Cartier avec de très jolis décors d’inspiration persane sur un métal doré.

Boîte à cigares Cartier à décor persan- Lot 6 ©BérengèreTreussard2016

Un collier de Fouquet, une broche de Lalique avec un charmant péridot rond, un bracelet tout diamants de Lacloche, un collier en améthystes de Suzanne Belperron, des bagues de Lorenz Baumer et son fameux bracelet Gekko.

De très beaux bijoux de Jean Vendôme, cette broche de Raymond Templier et ce collier diadème assez somptueux.

Broche Raymond Templier Lot 181©BérengèreTreussard2016

Les fêtes de fin d’année approchant, avez-vous des suggestions de petits cadeaux de Noël à souffler à nos lecteurs  ?

Les ventes du mois de décembre touchent toujours un large public et sont toujours importantes à l’approche des fêtes, collectionneurs et marchands-collectionneurs sont au rendez-vous ! Pour les particuliers et néophytes, il y a de très jolies collections de bijoux signés, bracelets et bagues dentelles Buccellati par exemple, nous avons également des bagues de Cartier, des pièces de Dinh Van dans ses débuts ou encore des pièces des collections Alhambra de Van Cleef and Arpels qui a le vent en poupe en ce moment !

Bague diamant tourbillon 1930 diamant de 4,82 ct J SI1 – Lot 212 ©BérengèreTreussard2016

Une vente mémorable pour vous ?

Sans remonter au temps des calanques grecques, je me souviens en 2013 de la vente d’un rubis de 8.70 cts pour plus de un million cent mille euros alors que tout le monde misait sur quarante mille euros, exceptionnel !

Pour parler également de vente mémorable, car il n’y en a pas eu qu’une dans ma carrière, il y a aussi celle du rubis le plus cher du monde que nous avions vendu en 1989 avec mon associée de l’époque Françoise Cailles, l’équivalent de 2 millions d’euro pour 10.01 cts birman non chauffé ! Cette vente m’a vraiment marqué au point de me donner envie de comprendre pourquoi le rubis est aussi mystérieux. Je crois que je n’ai toujours pas réussi à en faire le tour…

Enfin, j’ai toujours en mémoire un collier de perles noires naturelles qui a atteint l’équivalent de un million deux cent mille euros en 2005 avec Pierre Bergé.

Enfin quels sont vos conseils pour faire « une bonne affaire » lors d’une vente aux enchères ?

Le mot « bonne affaire » est à bannir ! L’expression « achat de cœur » serait à privilégier lorsqu’il s’agit d’acquérir des objets que l’on recherche depuis longtemps. Il faut toujours penser qu’un bijou qui passe dans une vente, contrairement à ce que l’on pense, ne passe qu’une seule fois… Si l’on a la chance de voir l’objet de ses rêves, il faut faire son acquisition ! Même si l’on dépasse l’estimation de l’expert – qui est certes un vrai point de repère – il faut suivre son instinct car la « mauvaise affaire d’aujourd’hui peut être la bonne affaire de demain » ! En définitive, il faut se faire plaisir et céder à ses coups de foudre ! Je ne parle jamais d’investissement, j’aime penser que l’on peut être protecteur de son patrimoine au-delà d’une plus-value certaine… La maison de vente vous aiguille sur les prix du marché de l’occasion, pour le reste il faut faire confiance à son goût !

Les ventes d’occasion ne se substituent pas au marché du neuf. Il faut respecter le marché du neuf, les investissements qui y sont réalisés par les maisons de haute joaillerie agissent comme des protecteurs du savoir-faire français. J’aime valoriser les bijoux de fabrication française comme les beaux objets de Schlumberger pour Tiffany, Belperron NYC, Piaget, Chopard et tant d’autres qui font travailler nos ateliers parisiens !

Merci Jean- Norbert, pour ma part j’ai déjà moi-aussi quelques coups de cœur notamment pour les pendants d’oreilles Night & Day des années 60 tout en diamants et je risque de ne pas être la seule !

Ventes aux enchères Espace Tajan

13 & 14 décembre 2016

Exposition au public sous vitrines :

Vendredi 9 décembre 2016 de 10h à 18h

Samedi 10 décembre et dimanche 11 décembre 2016 de 11h à 19h

(ouverture des vitrines avec essayage possible)

Lundi 12 décembre 2016 de 10h à 12h30

Mardi 13 et 14 décembre 2016 de 10h à 12h

Expert Jean-Norbert Salit

+33 1 53 30 30 77

salit-jn@tajan.com

Portrait de Jean-Norbert Salit – Expert en joaillerie

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